Tome 92 - 2017/Hors-série – La Confessio Augustana Graeca. Rhapsodie de la « Confession d’Augsbourg » et de ses variantes

Ce hors-série des Études théologiques et religieuses, traduit et édité par Jacqueline Assaël, est publié, avec le numéro spécial 2017/1 du tome 92 consacré aux Textes réformateurs inédits réunis et édités par Chrystel Bernat, dans le cadre de la commémoration du 500e anniversaire de la Réforme. Il forme l’édition complète de l’étude de l’Augustana Graeca.

L’histoire de la Confessio Augustana Graeca est rocambolesque et passionnante. Composée en 1559, cette version grecque de la Confession d’Augsbourg a beaucoup voyagé et l’identité de son auteur a failli être perdue. Il a fallu une véritable enquête philologique menée à partir de textes en latin et en vieil allemand pour parvenir à repérer les sources de ce texte construit à la façon d’un puzzle, en mille éclats, à partir des rédactions successives de la confession de foi luthérienne produites par Philippe Mélanchthon entre 1530 et 1542. La recherche désigne pour auteur de cette compilation et de cette traduction Paul Dolscius (1526-1589), humaniste de la mouvance luthérienne, signataire de l’ouvrage, rapidement dépossédé par la tradition critique de sa paternité littéraire au profit de Maître Philippe malgré sa vive protestation.

L’Augustana Graeca part vers l’Orient, en 1559 et en 1574, pour servir de base depuis Constantinople à un dialogue œcuménique. D’abord confiée par Mélanchthon à un diacre imprimeur, elle est emportée en Moldavie au cœur de l’histoire mouvementée du protestantisme naissant, puis, détournée de son parcours, elle s’égare avant d’alimenter les débats entre les théologiens orthodoxes entourant le patriarche Jérémie II et les docteurs de la Réforme.

Cette échappée vers l’Église byzantine fournit à ce document une riche destinée qui double l’ambition première de Dolscius. Car l’helléniste allemand visait avant tout à traduire ce texte fondateur dans le grec du Nouveau Testament afin d’inscrire dans la tradition protestante une version gravée dans le marbre de l’une des deux langues scripturaires.

À l’opposé de tout fondamentalisme, cette composition, qui choisit ses formulations parmi les plus inspirées des énoncés de la foi osés par Mélanchthon au gré de l’évolution de sa pensée, atteste néanmoins d’une résistance intransigeante à toute dérive des prinicipes fondamentaux de la doctrine luthérienne, d’établir la définition d’une théologie semper reforlanda, se fixant de « devoir toujours se réformer » tout en demeurant fidèle à l’essentiel du message chrétien.

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