La crédibilité du « moi je suis » dans l’Évangile de Jean

Si la foi chrétienne valorise le lien intersubjectif plutôt que le sujet en tant que tel, la question est de savoir comment faire crédit à autrui : comme le Christ, en étant soi-même témoin du « moi Je suis » que tout humain porte en lui et éveille en autrui. Mais Lytta Basset montre que cela passe par une expérience d’anéantissement, parfois vécue comme une mort. Dans le récit de la résurrection de Lazare (Jn 11/1-44), la menace d’anéantissement creuse profond le lieu divin du « moi Je suis » indestructible, chez tous les personnages y compris Jésus, confronté au vertige de sa propre mort.

If the christian faith stresses the bond between human subjects rather than the individual subject alone, the question is how to give a credit of trust to the other. As for Christ, we have to be ourselves, witnesses to the « I am » that every human carries within and awakens in the other. But that necessarily implies going through an experience of the void, sometimes close to death. In the story of Lazarus raised from the dead (Jn 11, 1-44), the threat of the void mines out a deep space for the indestructible « I am » of God in all the characters including Jesus, faced with the dizzy perspective of his own death.

p. 329-341

Auteur

BASSET Lytta
Lytta BASSET est professeure de théologie pratique à la Faculté de théologie de l'Université de Lausanne.