Edito 2017

Montpellier, le 13 décembre 2016

Chers lecteurs, chers amis,

Une nouvelle année s’annonce, qui s’ouvre sous les auspices de l’histoire de la Réforme, ou plutôt des Réformes du christianisme que la déflagration de 1517 tout à la fois poursuit et engage en profondeur, d’abord dans l’intimité des lectures de l’Épître aux Romains, puis tambour battant dans le Saint-Empire romain germanique et sur le Vieux continent alors agité par une folle ferveur butant sur l’incertitude angoissante du salut.

En cette année 2017, on s’apprête à commémorer le 500e anniversaire de l’entrée bruyante de la Réformation sur la scène européenne, d’abord à Wittenberg et presque concomitamment à Zurich sous l’action de Luther et Zwingli, mais aussi de Zell, Tilman, Bucer et Hédion à Strasbourg, de Roussel et Lefèvre d’Étaples à Meaux, de Capiton et Œcolampade à Bâle, de Haller à Berne, bientôt de Farel et Calvin à Genève, de Wishart et Tyndale puis de Knox en Écosse. La liste n’est pas close. Car ne nous y trompons pas, 2017 ne commémore pas un homme mais la mise en marche d’une pensée réformatrice dont le théologien de Wittenberg offre, avec d’autres, l’une des incarnations majeures. Instigateur d’une révolution théologique sans retour, il est autant le chef de file d’une rénovation fondatrice que l’héritier habile de mouvements réformistes travaillant depuis plusieurs siècles déjà la chrétienté latine médiévale. En soi, 1517 n’est rien sans le geste intellectuel humaniste décisif d’Érasme et sa publication chez Froben de son Novum instrumentum qui offre un an plus tôt de contester l’autorité reçue de la Vulgate de Jérôme et de lire une nouvelle traduction latine en regard de l’original grec. 1517 n’est pas davantage sans l’audace théologique de Wyclif qui bouscule les cercles érudits de l’Angleterre du XIVe siècle, sans les protestations hussites de la Bohême du XVe siècle. C’est dire la complexité de l’écheveau réformateur et la fécondité de ses ramifications plurielles qui voient éclore une autre façon de penser Dieu. En soi, 2017 non plus n’est rien sans le prolongement du débat d’idées.

De cet élan de pensée décisif du XVIe siècle qui se fonde sur la redécouverte des textes, les Études théologiques et religieuses adoptent le geste, et choississent pour 2017 non de livrer une énième synthèse sur Luther mais d’oofrir un volume de textes réformateurs inédits en français, à l’aune de la polyphonie intrinsèque à la Réforme. Et pour ne pas risquer de se satisfaire d’un prêt-à-penser qui serait comme un autre servage, une aliénation insidieuse, ETR continuera de donner à considérer la diversité des voix de la théologie actuelle, en ouvrant ses colonnes aux plumes bien trempées. Parce que le fait religieux échappe aux grilles de lecture figées, aux expertises univoques, il nous faudra vingt fopis sur le métier remettre l’ouvrage, en posant sans relâche la question du sens, jamais définitif, par essence évolutif. La tâche requiert du souffle, exige de la nuance, suppose de l’endurance. En un mot votre confiance.

Entrons donc ensemble dans l’atelier où tout se redistribue, où rien n’est acquis d’avance, là précisément où s’élabore une pensée vivante.

En vous espérant fidèles et décidés à laisser advenir d’autres pensées dont la diversité est seule garante de la profondeur et de la générosité.

Avec mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année de réflexion partagée.

Chrystel Bernat
Directrice de la publication