L’œuvre de Jean-Daniel Causse est éclectique. Outre la théologie et la psychanalyse qui en constituent le socle, elle touche à des domaines très variés tels la philosophie, l’anthropologie, le cinéma et plus largement la culture. Elle est aussi profondément cohérente, structurée autour de convictions fortes et argumentées. La bibliographie proposée en fin de volume en témoigne : à travers ses articles et ses ouvrages, depuis sa thèse de doctorat (La haine et l’amour de Dieu) jusqu’à la publication de son dernier opus quelques mois avant sa disparition (Lacan et le christianisme), s’exprime une pensée en discussion permanente avec des théologiens (dont Luther occupe une place centrale), des philosophes (Kierkegaard, Nietzsche, Heidegger, Derrida, Nancy, Marion entre autres) et des psychanalystes (au premier rang desquels, bien sûr, Freud et Lacan). Intellectuel brillant mais aussi homme de terrain (d’abord pasteur puis analyste à l’écoute de ses patients), Jean-Daniel Causse n’a cessé de déployer une œuvre qui fera date dans l’histoire singulière de l’articulation entre théologie et psychanalyse. Avec Georges Crespy, puis Jean Ansaldi qui fut son directeur de thèse, il est un représentant majeur de ce qu’il convient d’appeler l’« école de Montpellier », une des caractéristiques de la Faculté de théologie de la cité languedocienne.

La revue Études théologiques et religieuses a été l’un des lieux privilégiés où Jean-Daniel Causse a pu développer sa recherche. Les quatorze articles qu’il a rédigés offrent un parcours intellectuel mais aussi existentiel marqué par une profonde unité, celle de convictions fortes, d’un désir toujours en alerte, d’une quête jamais assouvie. La période de vingt-cinq ans (1993-2018) sur laquelle s’étend la production de ces articles peut être découpée en quatre moments qui balisent ce parcours intellectuel : d’abord celui où, pasteur de paroisse, il rédige sa thèse de doctorat (articles 1 et 2) ; ensuite, la période où il enseigne la théologie systématique à l’Institut protestant de théologie de Montpellier (articles 3 à 9) ; puis lorsque, tout en gardant son poste à la Faculté de théologie, il devient professeur de psychanalyse à l’université Paul-Valéry Montpellier 3 (articles 10 et 11) ; enfin, quand il abandonne l’enseignement de la théologie pour se consacrer entièrement à l’enseignement de la psychanalyse (articles12 à 14). Ce parcours témoigne d’une évolution tout en traçant des lignes de force qu’une lecture de l’ensemble de ces publications fait apparaître.