Avant-propos

La littérature antique a eu recours à la pseudépigraphie : nombre de ses œuvres se sont revendiquées d’un auteur différent de leur auteur réel. Si plusieurs types de pseudépigraphie ont été depuis distingués, cette pratique relève du procédé littéraire visant bien souvent à actualiser et à communiquer, dans une situation nouvelle, ce qui fait vérité pour le littérateur. La présence d’écrits pseudépigraphiques dans le corpus biblique est largement reconnue aujourd’hui. Elle fait l’objet de nombreuses études et interprétations divergentes. Certains livres de la Bible, comme de la littérature juive et de la littérature chrétienne ancienne, n’ont pas été écrits par la figure des origines ou l’apôtre qui se présente comme leur auteur. Si le débat sur les limites précises de la pseudépigraphie biblique reste ouvert, il porte principalement sur les lettres et ne cesse d’interroger les exégètes sur un plan littéraire (quels liens avec la pseudépigraphie de la littérature antique ?), historique (quid des notions de vérité et de fidélité ?), et théologique (que dit cette forme de communication du Dieu qu’elle raconte ?).

Dans le prolongement des journées d’étude organisées à la Faculté de théologie de Montpellier en 2013[1], le Réseau de recherche en narratologie et Bible (RRENAB) a proposé à plusieurs chercheuses et chercheurs des institutions académiques francophones qu’il regroupe, d’explorer ce phénomène pseudépigraphique au sein des textes bibliques et de la littérature connexe. Réunis en symposium à Sète les 12, 13 et 14 juin 2015, ces exégètes ont exploité les richesses de la lecture narrative en les articulant aux différentes méthodes d’analyse (rhétorique, historique, sémiotique, etc.) et leurs études montrent comment, dans la pratique pseudépigraphique, les narrateurs s’attachent à transmettre, développer et interpréter ce qui leur apparaît comme essentiel.

[1] Les actes de ces journées d’étude ont été publiés dans un numéro thématique : « Le pacte pseudépigraphique », Études théologiques et religieuses 88 (2013), p. 441-568.

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p. 537-540

Auteur

NOCQUET Dany
Dany NOCQUET est doyen de la Faculté de théologie de Montpellier, où il enseigne l’Ancien Testament et membre du Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (CRISES – EA 4424).

ROHMER Céline
Céline ROHMER est maître de conférences en Nouveau Testament à l'Institut protestant de théologie, Faculté de Montpellier, membre du Centre de recherches interdisciplinaires en sciences humaines et sociales (CRISES – EA 4424).