Vient de paraître

  • Jean ANSALDI, Lire Lacan. L’éthique de la psychanalyse. Le Séminaire VII, (Collection psychanalyse), Nîmes : Éditions du champ social, 1998. 21 cm. 129 p. ISBN 2-913376-00-2. FF 110.

Cet ouvrage, consacré à un Séminaire central de Jacques Lacan, a été conçu à partir d’un cours destiné aux étudiants de DEA de psychanalyse et de philosophie de l’Université Montpellier III. Faire l’exégèse du Séminaire suppose évidemment de saisir les enjeux de la discussion que Lacan mène avec Aristote et son Souverain Bien, Augustin et le péché originel, Descartes et le surgissement du sujet, Kant et l’impératif catégorique, Sade et son Être suprême en méchanceté, Bentham et l’éthique utilitariste, Nietzsche et le nouvel hédonisme, et bien d’autres encore. Ce livre a ainsi pour but d’éclairer latéralement le texte lacanien sans prétendre l’épuiser dans ses contenus.

Dans cette perspective, le Séminaire permet d’approcher et de serrer de près les grandes notions lacaniennes, comme par ex. le concept de das Ding, la jouissance, mais aussi la sublimation ou encore la pulsion de mort.

À travers les questions ici abordées, il s’agit de mieux comprendre l’éthique de Lacan qui invite chacun à « ne pas céder sur l’ultime de son désir » (ce qui veut toujours dire un renoncement à la jouissance). En effet, si les hommes sont toujours pris dans des reflets imaginaires qui organisent le monde de la morale, ils sont aussi appelés à devenir des sujets qui, dans leur unicité irréductible, sont fruits de la Parole de l’Autre. Ici se dessine l’espace d’une éthique du désir qui n’appelle pas un « moi » façonné par le regard social mais un « je » symbolique qui émerge d’une Parole. Le théologien ne peut qu’être interpellé par la distinction lacanienne entre morale et éthique qui n’est pas sans faire écho à la distinction paulinienne entre l’homme extérieur (personne) et l’homme intérieur (sujet). Car si le chrétien sait la nécessité de la morale commune dans l’ordre imaginaire de la société, il s’enracine aussi dans le lieu du désir qui est toujours un « ne cède pas sur ta foi », c-à-d une identité qui n’est pas fruit de la vertu mais de Parole adoptive de Dieu.

J. A.